Pas «commode», non plus, ce début février. Tiraillements à propos de normalisation avec Israël. Tiraillements, encore, dans la formation du gouvernement. On gaspille du temps, en fait, alors que le pays, pressé de toutes parts, n’en a vraiment pas besoin.
Le moins commode dans «l’affaire de la normalisation» est, bien sûr, «l’implication» de la championne Ons Jabeur. Le mot est contestable, croyons-nous. Vite lâché. Précipitamment. Légèrement. Ons a disputé un match de Fed Cup contre une joueuse israëlienne. Devait-elle le faire ? Devait-elle y renoncer ?Le tollé qui a suivi(entre pour et contre)ne répondait pas tout à fait à la question. Il s’agissait d’ une rencontre internationale officielle par équipes. La décision de la disputer ou pas n’était pas une décision individuelle, mais incombait, avant tout, à l’institution fédérale, si besoin après consultation du ministère des Sports, voire de la présidence de la République et du gouvernement. Que l’on sache, ce ne fut à aucun moment le cas. La responsabilité personnelle de Ons Jabeur ne pouvait être directement engagée. Celle de l’autorité de tutelle, en revanche, oui. Beaucoup parlent de «dissocier le sport de la politique», force est d’admettre que ce n’est pas toujours de l’ordre du possible. Le refus de la normalisation est essentiel dans la lutte contre l’occupation sioniste. Il préserve l’idéal et maintient la cause. Notre Fédération de tennis, forte des récents exploits de la championne, a probablement «présumé de ses forces», et sous-estimé un peu le sérieux du dossier. Mais Jabeur, elle, était, en bonne logique, hors du coup.
Ce qui se passe avec la formation du gouvernement Fakhfakh frise le surréalisme. Pas d’autres mots. La manœuvre politicienne y est, bien sûr. Sous l’enseigne du «bien-être national» et avec les slogans désormais d’usage, «transparence et lutte contre la corruption», en premiers. Le nouveau, toutefois, cette fois-ci, est que les discours, tous les discours, à une exception près(celle de Abir Moussi et du Destour libre), «virevoltent à tous les vents», d’un jour à l’autre, parfois à quelques heures d’intervalle. A une matinée, à un soir, près. Précipitamment. Légèrement. Abracadabrant.
Pourquoi cela?
L’explication la plus courante (pas forcément la plus plausible) est celle d’une course aux portefeuilles. Le premier parti a 52 sièges au parlement. A peine le quart. Les quatre à cinq qui le talonnent dépassent de peu la moitié. Le reste est ou «coalisé», ou attend «les offres». Avec une telle configuration, rien compte plus que se positionner. Prendre place. . D’aucuns dénoncent (et ils n’ont pas tort) : «arracher sa part du butin». Les exemples pullulent. Depuis le chargé de mission jusqu’au plus petit concerné. On se décrète «révolutionnaire» et on y renonce, c’est selon l’éventuelle «ceinture», selon le décompte des voix. On exclut, tantôt, avant de se prononcer contre «toute exclusion». On menace de faire tomber le gouvernement, et on redoute, dans le même temps, de nouvelles élections.
Au final ?
Le flou général. Et des citoyens qui ironisent amers. Inquiets.
Le sentiment, surtout, que ces péripéties abracadabrantesques nous conduisent au pire à force de nous faire perdre du temps.